Sites web multilingues : l’émergence des langues « long tail »
Une étude de décembre 2013, sur l’utilisation des langues par les principaux sites internet de la planète, souligne que sur le web on parle un nombre de langues croissant. Cette étude, réalisée par Common Sense Advisory auprès de 2787 sites Web, recensait 290 langues utilisées sur l’ensemble de ces sites, 59 langues étant utilisées 10 fois ou plus, 140 au moins deux fois, et 150 une seule fois. Les langues du type « longue traine », c’est-à-dire n’appartenant pas au noyau des langues traditionnellement les plus utilisées sur le web, étaient essentiellement proposées par Wikipedia.
Les sites web analysés lors de cette étude sont parmi les plus importants du web, puisque appartenant à différents indices : Alexa Top Sites, Interbrand Best Global Brands, Forbes Global 2000 et Fortune 500. On notera cependant que 40 % des sites analysés ne proposent qu’une seule langue. 11 % ne propose pas l’anglais, contre 8 % un an auparavant. En général, l’anglais est presque toujours proposé comme seconde langue.
L’émergence des sites ne proposant pas l’anglais est due à une présence plus importante de certaines régions ou pays non-anglophones dans les rankings. Ainsi, les sites asiatiques ont connu une croissance spectaculaire ces dernières années, et ont été propulsés dans l’indice Alexia Top Sites des sites recevant le plus de trafic. Ces sites web ne proposent pas systématiquement de contenu en anglais.
L’étude souligne différentes raisons pour lesquelles des langues auparavant » mineures » sont entrain de changer la donne sur internet :
– d’importantes populations se connectent au web : philippins , indonésiens, vietnamiens… Il en résulte que les sites proposant ces nouvelles langues améliorent leur ranking dans l’indice Alexia Top Sites.
– les langues locales se développent au détriment de langues régionales : arménien, azéri , géorgien , kazakh , mongol … Ce sont des langues de plus en plus parlées dans des régions ou la langue est traditionnellement utilisée sur le web, et le russe, n’est plus suffisant pour la communication online. Dans ces pays, une grande partie de la population a aujourd’hui accès au web, qui n’est plus l’apanage d’une élite russe instruite.
Implication pour les marques globales
Actuellement, la tendance est claire. Les langues qui ont traditionnellement dominé le web ces dernières années telles que l’anglais , le français , le portugais et espagnol, vont perdre de l’importance. Les « early adopters » du web dans les pays émergents avaient généralement un niveau d’éducation élevé et la majorité d’entre eux parlait l’anglais. Dans les pays émergents, de vastes populations sont aujourd’hui connectées, ce qui bouleverse cette donne. Les langues locales sont amenées à jouer un rôle plus important. Et cela d’autant plus que les moteurs de recherche ont tendance à retourner des résultats locaux, au détriment de résultats régionaux. Le surcout lié à l’adaptation d’un site web au marché local pourra donc dans bien des cas s’avérer rentable.